«Nouvelle agriculture»
Il ne fallait pas être singulièrement instruit du mur d’images constitué par l’imposant cortège qui a sillonné une bonne partie de la région du Sud les 25, 26 et 27 février dernier. Il ne fallait non plus y voir un essai de terrain pour que le travail du ministère de l’Agriculture et du Développement rural (Minader) trouve une écoute médiatique et politique. Il fallait regarder dans le même sens qu’Henri Eyebe Ayissi : «En ces temps où l’agriculture est présentée comme source d’emplois, c’est juste que le lancement de la campagne agricole 2016 soit un matériau combustible contribuant à alimenter la chaudière enthousiasmée des jeunes qui trouvent déjà leur compte dans ce secteur ici». Façon explicite pour le Minader de signaler que le choix de ce biotope peuplé essentiellement de jeunes exploitants agricoles (69% de population active tant en zone urbaine que rurale selon la délégation régionale du Minader du Sud) n’est pas gratuit. «Il est enrobé du discours présidentiel du 10 février à la jeunesse», selon Henri Eyebe Ayissi. Normal que le 25 février 2016 au stade du collège régional d’agriculture d’Ebolowa, le panorama ait révélé des jeunes agriculteurs paradant, respirant assurance et espérance après les annonces ministérielles (promotion de semences, transformation locale du cacao de 13% à 40% d’ici 2020, appuis multiformes aux organisations paysannes, effectivité du paiement d’ici la fin du mois de mars des montants dus aux semenciers). L’occasion était trop belle pour le faire savoir. Surtout qu’au Minader toutes les structures sont engagées dans une campagne de sensibilisation sur les mécanismes de l’offre de service en direction des jeunes. Dans les processions de joie qui ont emporté les nombreux groupements d’agriculteurs venus de tous les confins de la région du Sud, il y avait surtout du matériel. Un petit outillage agricole constitué de machettes, limes, haches, pulvérisateurs, brouettes, pousse-pousse et de sacs d’engrais a été remis à quelques producteurs pour amorcer la campagne agricole. Et … un don spécial du Minader à hauteur 1.5 milliards F CFA, en termes de matériel de sécurité et de protection phytosanitaire, a été promis aux sept régions méridionales. Tout cela parce que, « l’agriculture n’est pas un enfer. Les faits le prouvent : le niveau de vie populations progresse, et la liste des jeunes pauvres est aujourd’hui moins longue qu’il y a dix ans », à en croire Henri Eyebe Ayissi emporté dans un éloge arborescent, poétique, cabossé, savoureux du travail de la terre. Porte ouverte à une exhortation faite aux jeunes. Partout où la caravane du Minader est passée, ceux désireux de se lancer dans l’agriculture dans un élan volontariste ont été encouragés afin de permettre à l’agriculture de s’asseoir à la table des disciplines prestigieuses au Cameroun. A comprendre ici une agriculture qui crée de l’emploi, beaucoup d’emplois, qui vivifie les territoires, qui relocalise la valeur ajoutée. Et au Minader, en cette année de «nouvelle agriculture», on veut donner un sens à cela à travers des subventions publiques et des coups de pouce des particuliers à la jeunesse.
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